Les idées reçues sur le soja

Véritable couteau suisse alimentaire, le soja gagne en popularité depuis quelques années. Consommer des aliments à base de soja serait bon pour la santé et plusieurs études abondent dans ce sens. Mais les clichés ont la vie dure ! Certaines idées reçues perdurent encore au sujet de ce végétal à la teneur élevée en protéines. Le soja est-il bon pour la santé ? Une petite mise au point s’impose. Parce que chez Sojasun, on aime que la vie soit douce 😌

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Le soja impacte le système hormonal

Faux. On dit parfois que le soja serait de nature à déséquilibrer le système hormonal des hommes (testostérone) et celui des femmes (œstrogènes). Cette allégation ne repose sur aucun fondement sérieux. Le soja est une légumineuse qui contient en effet des isoflavones appelées aussi phyto-œstrogènes. Toutefois, ces œstrogènes végétaux sont présents en quantité variable, car ils sont soumis à de multiples facteurs environnementaux. Le ratio de phyto-œstrogènes est d’environ 50 à 200 mg pour 100 g de graines de soja entières. 

Consommer du soja n’engendre aucun impact sur la libido et la fertilité. Si le soja avait vraiment des vertus sur la sexualité masculine ou était capable de développer les seins, le produit se vendrait à grande échelle et assurément beaucoup plus cher ! De même, le lien avec la baisse de fertilité n’a jamais été démontré. Les personnes végétariennes ou véganes, consommatrices de soja, ont aussi des enfants et ne montrent pas plus de problèmes de fertilité que celles qui consomment de la viande.

Le soja et le tofu pourraient nuire à la qualité du sperme

Faux. En ce qui concerne les isoflavones, souvent sujettes à discussion, il faut savoir qu’une bonne partie de ces phyto-œstrogènes est éliminée au moment de la transformation de la graine de soja en boisson ou en tout autre aliment à base de soja. Une étude canadienne, publiée dans la revue Fertility and Sterility, révèle qu’il n’existerait aucun lien de cause à effet entre la consommation de soja et la concentration des spermatozoïdes.

Le soja favorise le cancer du sein

Faux. Cette idée reçue rejoint la précédente et se base sur la présence de phyto-œstrogènes contenus dans le soja dont l’action est insignifiante. On peut citer pour preuve les femmes asiatiques qui consomment des aliments à base de soja dès leur plus jeune âge et qui sont pourtant moins affectées par le cancer du sein que les Nord-Américaines. 

Dans tous les cas, la Haute Autorité de Santé recommande toujours aux personnes ayant été touchées par un cancer du sein ou de l’ovaire de faire preuve de prudence au regard des compléments alimentaires contenant des isoflavones de soja. Pour ces patientes, les précautions portent sur tous les compléments alimentaires quels qu’ils soient et l’avis d’un médecin est toujours indispensable avant n’importe quelle prise.

Les aliments au soja sont déconseillés aux femmes enceintes ou allaitantes

Vrai et faux. La présence de phyto-œstrogènes dans les produits au soja n’est en aucun cas dangereuse pour les femmes enceintes ou qui allaitent. Toutefois, par principe de précaution pour l’enfant à naître ou le nourrisson, il est conseillé de limiter la consommation d’aliments contenant du soja à une seule portion par jour pendant toute la durée de la grossesse ou de la période d’allaitement. (étude ANSES juin 2019)

Il ne faut pas donner de produits au soja aux enfants

Vrai et faux. La consommation de produits au soja a été effectivement déconseillée aux enfants de moins de 3 ans, selon les recommandations du PNNS de 2019. Cette précaution était uniquement motivée par la présence d’isoflavones dans les graines de soja. En revanche, pour les enfants de plus de 3 ans, le soja jouerait un rôle bénéfique dans le cadre d’une alimentation équilibrée. Les produits à base de soja sont en effet riches en protéines, tout en étant pauvres en graisses saturées. La recommandation qui s’applique alors est de ne pas dépasser une portion par jour pour les 3-6 ans et 2 portions par jour pour les 6-12 ans.

Dans les boissons au soja, le calcium ajouté est moins bien absorbé que celui présent dans les produits laitiers

Faux. Les boissons au soja renferment effectivement du calcium ajouté. Il est cependant tout aussi digeste que celui contenu dans les produits laitiers. Plusieurs études ont permis de mettre en évidence les bienfaits du calcium dans les jus de soja et leur capacité d’absorption par l’organisme. 

Le soja est considéré comme une plante OGM ?

Vrai et faux. Il est vrai que la majorité du soja produit dans le monde pour l’alimentation animale est OGM (génétiquement modifié). En revanche, la culture du soja OGM est interdite en France et en Europe. Vraiment, le soja est-il bon pour la santé ? N’ayez aucune inquiétude à ce sujet, mais prenez toujours soin de vérifier la provenance du soja que vous achetez sur l’étiquetage du produit. La culture du soja en France est très encadrée et les agriculteurs français qui la développent sont parfaitement accompagnés. Le seul soja OGM importé en France sert exclusivement à nourrir le bétail.

La culture du soja entraîne la déforestation

Vrai et faux. En France, la culture de soja est alternée avec des cultures céréalières (orge, maïs, riz, blé) ou d’autres comme les lentilles, la luzerne ou le tournesol. De plus, elle occupe toujours des surfaces agricoles qui existent déjà, ce qui n’entraîne aucun problème de déforestation. Ce n’est pas le cas pour le soja originaire d’Amérique du Sud qui fait l’objet de pratiques reconnues de déforestation et d’utilisation de pesticides. Acheter des produits contenant du soja cultivé en France vous assure de ne pas cautionner indirectement toute atteinte à l’environnement et de préserver votre santé. La production française est garantie sans OGM, ce qui permet de sécuriser les filières et de garantir l’origine et la traçabilité des produits de ses adhérents.

La production du soja est énergivore

Faux. Cette affirmation faisait référence à certains pays comme le Royaume-Uni à la suite d’une étude réalisée en 2010 par le WWF qui avait pour but d’évaluer la quantité de gaz à effet de serre générée par le secteur de l’alimentation. Cela ne concernait pas la fabrication du soja mais le secteur de l’alimentation en général, depuis la culture jusqu’au transport en passant par la transformation des produits. Au contraire, l’impact énergétique de la production de protéines végétales est bien moindre que celui des protéines animales. 

Les idées reçues vont bon train quand on manque de connaissances sur un sujet ou sur un produit. Mais il est toujours temps de prendre le bon wagon en se renseignant. Maintenant que vous en savez un peu plus sur le soja, pourquoi ne pas l’inviter dans vos menus et essayer une alimentation plus végétale ? 

Sources :

Documentation Nutrition-Santé sur le Soja - Vegetarisme.fr

Plusieurs études :

Sabaté, J., Sranacharoenpong, K., Harwatt, H., Wien, M. & Soret, S. (2015).

The Environmental Cost of Protein Food Choices–CORRIGENDUM. Public health nutrition, 18(11), 2096-2096

Rosi A., Mena P., Pellegrini N., Turroni S., Neviani E., Ferrocino I., Di Cagno R., Ruini L., Ciati R., Angelino D., Maddock J., Gobbetti M., Brighenti F., Del Rio D., Scazzina F., 2017. 

Environmental impact of omnivorous, ovo-lacto-vegetarian, and vegan diet. Sci. Rep., 7, 610

Barre T., Pérignon M., Gazan R., Vieux F., Micard V., Amiot M.J., Darmon N., 2018.

Integrating nutrient bioavailability and co-production links when identifying sustainable diets: How low should we reduce meat consumption? PLoS One, 13, e0191767

Gonzalez-Garcia S., Esteve-Llorens X., Moreira M.T., Feijoo G., 2018. 

Carbon footprint and nutritional quality of different human dietary choices. Sci. Total Environ., 644, 77-94.